Dans les villages de Ghazza et Mansoura, près de la zone humide d’Ammiq (le principal site Ramsar du Liban), plus de 50 élevages de bétail dédiés à la production laitière déversent leurs eaux de ruissellement et leur fumier de vache directement dans la rivière Litani et les cours d’eau qui entourent la zone humide. Les agriculteurs de cette région s’abstiennent d’utiliser le fumier de vache sur leurs terres agricoles par crainte des graines de mauvaises herbes et de la contamination bactérienne et ils préfèrent utiliser des engrais chimiques.
Dans le cadre d’un micro-projet financé par l’Agence Française de Développement (AFD) et le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM) et coordonné par la Tour du Valat, la Société de Protection de la Nature au Liban (SPNL) a organisé une formation sur « le compostage pour limiter les intrants polluants dans le site Ramsar d’Ammiq ».
Les principaux objectifs du projet sont de réduire ou d’arrêter la pratique du déversement de fumier de vache dans les cours d’eau menant à la zone humide d’Ammiq, en enseignant aux producteurs laitiers locaux comment utiliser le compostage thermique pour transformer le fumier de vache en compost de catégorie A exempt de graines de mauvaises herbes et d’agents pathogènes nocifs.
Quatorze personnes ont participé à cette formation qui s’est tenue le 28 mai 2020 dans le Centre international Homat el Hima nouvellement créé dans la Bekaa occidentale. La session a été menée par Maher Osta, expert en zones humides du SPNL, initiateur et gestionnaire du projet.
Sur la base des résultats du projet pilote à la ferme de Taha, cette session était la première d’une série de quatre sessions de formation sur l’importance de la préservation des zones humides et sur la façon de transformer le fumier de vache brut en compost de catégorie A, ciblant les éleveurs de bétail laitier les plus proches d’Ammiq et de la rivière Litani.
La formation a offert aux éleveurs laitiers une excellente occasion d’apprendre à utiliser la « méthode Berkeley » éprouvée de compostage thermique pour produire un compost de catégorie A qu’ils peuvent vendre ou utiliser sur leurs terres agricoles à la place des engrais chimiques.
Au cours de la formation, les dangers de la pollution des cours d’eau de la région de la Bekaa occidentale, de la zone humide d’Ammiq, de la rivière Litani et du lac Quaraoun ont été soulignés, ainsi que l’importance de ces zones pour la biodiversité et en tant qu’escales et lieux de repos pour les oiseaux migrateurs a été mise en évidence.
Au cours d’une visite sur le terrain, les participants ont visité le village voisin de Mansoura où ils ont pu constater de visu comment se fait le compostage thermique du fumier de vache, et comment ce fumier peut être transformé en compost de catégorie A au lieu de le laisser s’écouler et polluer les importantes voies d’eau de la région. Ils ont également observé les résultats de l’utilisation du compost pour retrouver la fertilité de la terre et faire pousser des cultures maraîchères et éviter tout traitement avec de l’engrais chimiques, d’herbicides ou d’insecticides.
Il est à noter que le projet fournira également une assistance aux agriculteurs en matière de commercialisation, afin de les aider à gagner de l’argent grâce à la vente de leur fumier de vache composté, pour assurer la continuité du projet (environ 40 personnes impliquées).
Plus d’informations
La présentation de Maher Osta est disponible ici.
Contact
Maher Osta, SPNL
maher.osta69@gmail.com
Christian PERENNOU
L’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes (OZHM), Tour du Valat
perennou@tourduvalat.org
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