La renaissance rose du Delta de l’Èbre

La population de flamants roses, une marque touristique de la zone humide, explose dans son aire de reproduction après avoir été menacée.

On respire enfin pour les flamants roses du Delta de l’Èbre, après des années de menaces pour leur reproduction dans cette zone humide. Cet été, 2 985 couples de cet oiseau emblématique, touristiquement très prisé, ont produit 2 201 poussins. Un record presque absolu pour le Parc Naturel de l’Èbre (un site Ramsar), qui a commencé la réintroduction de flamants roses au début des années 90.

 

Les 3 000 couples de flamants avec leurs 2201 poussins dans la Saline de Trinidad, dans le Delta de l’Ebre. Photo: © La Vanguardia

 

Cela n’a pas été le fruit du hasard. Le facteur humain fut la clé du progrès grâce à des années de travail intensif. L’espèce est extrêmement sensible et vulnérable lorsqu’elle se reproduit et tout dérangement ou menace incite les couples de flamants roses à abandonner et chercher des alternatives pour leurs lieux de reproduction.

Les attaques répétées de deux prédateurs de leurs poussins, le Goéland leucophée (Larus michahellis), agressif et expansif, et le renard, ont entraîné une réduction alarmante de leur progéniture (un peu plus de 300 poussins en 2014), ce qui a complètement enrayé la reproduction pendant des années.

Le Parc Naturel a pris des mesures contre ces prédateurs, Goéland et renard, afin de protéger les poussins. La présence du Goéland a obligé les techniciens du parc naturel à élaborer un plan pour la protection de la zone de reproduction des flamants roses. Cet oiseau avait déjà réussi à expulser la colonie du goélands d’Audouin, un oiseau précieux et menacé, en dehors de sa zone de reproduction, qui rien que dans le delta représentait 70% de sa population mondiale.

Après avoir évalué plusieurs scénarios, il a finalement été décidé d’intervenir pour réduire considérablement la présence du Goéland tant redouté, qui atteignait plus de 11 000 individus dans la région. On estime qu’il n’en reste plus actuellement que 200 couples. Les techniciens ont appliqué un plan au cours des cinq dernières années consistant à poser des appâts contenant un narcotique pour réduire progressivement le nombre de ces oiseaux. «Ce fut un grand effort, de travail à plein temps une semaine par an», explique Toni Curcó, responsable du département de protection et de recherche du Parc Naturel du Delta de l’Èbre. Pour réduire le danger des renards, ils ont agi en capturant des spécimens, jusqu’à ce que leur présence soit pratiquement éliminée.

Depuis 30 ans, il n’était pas permis de visiter la zone de reproduction des flamants pour ne pas déranger les oiseaux. Mais chaque année, les techniciens procèdent au décompte du nombre de couples reproducteurs et du nombre de poussins. Le succès de cette année indique que sur quatre couples présents dans le Delta, trois d’entre eux ont réussi à élever un poussin.

En dépit du fait que le delta de l’Èbre ne se limite pas à n’accueillir que des flamants roses, mais aussi plus de 300 espèces d’oiseaux distinctes, toutefois, ces flamants roses constituent les plus attrayants de tous.

Les touristes, même ceux qui ne sont pas des ornithologues, viennent dans le delta de l’Èbre avec une «obsession»: voir les flamants roses. C’est une tâche facile, avec une population qui atteint chaque année entre 10 000 et 18 000 oiseaux, notamment entre novembre et janvier, période de l’année où ils sont les plus nombreux. La plupart des touristes sont des étrangers, mais le tourisme autochtone commence également à s’intéresser et à admirer ces beaux oiseaux.

 

Source: résumé d’un article publié dans le journal La Vanguardia (Barcelone, Espagne) le 1er septembre 2019.