Environ 80 participants du gouvernement, des organisations de la société civiles locales et nationales et des universitaires se sont rassemblés le 12 Juillet 2019 à Tunis (Tunisie) lors d’un événement public sur le thème “le rôle de la Tunisie dans le défi de la préservation des zones humides méditerranéennes”.
L’événement a été organisé par la Direction Générale des Forêts (DGF) de la Tunisie, l’Initiative pour les zones humides méditerranéennes (MedWet), le WWF Afrique du Nord et l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes (OZHM).
Lors de son discours d’ouverture, le Directeur Général des forêts, M. Salem TRIGUI a indiqué que, depuis l’adhésion de la Tunisie à la Convention Ramsar, 940 sites ont été identifiés dont 41 sont actuellement classés zones humides d’importance internationale (Sites Ramsar). Il a souligné la richesse de ces écosystèmes en biodiversité et leur importance pour les oiseaux.
Il a également mis l’accent sur les services écosystémiques fournis par les zones humides : « elles font l’objet en Tunisie d’une attention toute particulière et d’une protection croissante, compte tenu de leur rôle en tant qu’éléments fondamentaux de gestion de l’eau et leur implication dans la protection contre les inondations, la protection de l’environnement et des zones littorales ».
M. TRIGUI s’est déclaré préoccupé par les énormes pressions et les nombreuses agressions que subissent les zones humides en Tunisie qui risquent d’influer sur leur fonctionnement, telles que la pollution, les décharges non contrôlées, l’extension urbaine et les constructions anarchiques, la surexploitation des ressources halieutiques, la chasse illicite, etc.
Dans ce contexte, il a mentionné que la nouvelle Stratégie Nationale des Zones Humides, en cours de développement, accorde une attention particulière à la situation de ces écosystèmes, leur protection, leur gestion durable et leur utilisation rationnelle à travers notamment l’amélioration des connaissances et des inventaires, la lutte contre les problèmes de dégradation, la levée des contraintes de gestion et l’amélioration du cadre institutionnel.
Dans sa présentation des résultats du rapport “Les zones humides méditerranéennes – Enjeux et perspectives 2 : Solutions pour des zones humides méditerranéennes durables (MWO2)”, Mme Ilse GEIJZENDORFFER, Coordinatrice de l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes, a averti que 48 % des zones humides du bassin Méditerranéen ont disparu depuis 1970. Elles continuent d’être détruites, dégradées et transformées pour d’autres usages (industrie, tourisme, urbanisation, agriculture, etc). Cette évolution compromet le bien-être humain par la perte des multiples avantages fournis par les zones humides.
“Soutenir la protection effective des fonctions et valeurs de ces écosystèmes et l’utilisation durable de leurs ressources et services” constitue la mission de l’Initiative MedWet, selon son coordinateur, M. Alessio SATTA, qui a présenté les fondamentaux de MedWet et ses projets, mis en œuvre pour la conservation des zones humides méditerranéennes, notamment le Réseau des Gestionnaires des Sites Ramsar Méditerranéens (MerSIM-net). Ce nouveau réseau vise à promouvoir l’adoption de meilleures pratiques de gestion, d’échange de connaissances et de l’éducation du public sur les valeurs et les services des zones humides. MeRSiM-Net contribue à la réalisation des objectifs de la Convention de Ramsar visant à développer des systèmes nationaux et régionaux de zones humides d’importance internationale, qui soient exhaustifs, représentatifs, efficaces et gérés équitablement. Ces systèmes contribuent collectivement, entre autres par le biais de réseaux régionaux, à la conservation et à l’utilisation rationnelle des écosystèmes des zones humides. Cela devrait réduire considérablement le taux actuel de perte des zones humides aux niveaux mondial, régional, national et infranational.
MedWet encourage les gouvernements à adopter des politiques et les soutient dans la mise en œuvre des actions sur le terrain en faveur de la conservation et de l’utilisation durable des zones humides. M. SATTA a également présenté le Cadre d’Action MedWet 2016-2030. Il est à noter que les cibles de ce Cadre sont en corrélation avec les différents axes de la stratégie nationale des zones humides de la Tunisie dans les domaines de l’inscription de sites sur la Liste de la Convention de Ramsar, l’élaboration et la mise en œuvre des projets pilotes de restauration dans les zones humides dégradées, l’intégration de bonnes pratiques pour la gestion de l’eau et la conservation des zones humides dans les politiques et plans nationaux d’utilisation des terres afin d’éviter des atteintes aux fonctions et valeurs des zones humides.
L’élaboration de cette Stratégie Nationale Zones Humides permettra à la Tunisie d’appliquer une des recommandations des Parties Contractante à la Convention de Ramsar, selon Mme Héla GUIDARA, de la Direction Générale des Forêts, Présidente de MedWet et Point Focal Ramsar en Tunisie. Cette stratégie émane de la volonté des instances tunisiennes d’assurer la conservation de ces milieux tout en permettant leur valorisation de façon à les faire contribuer au développement économique et social du pays et des populations locales vivant autour des zones humides dans le contexte d’un développement durable et équitable.
Il est évident que le développement et la mise en œuvre des stratégies liées aux zones humides nécessitent des connaissances de base sur ces écosystèmes (ex. localisation, délimitation, état de conservation, etc.). Le manque de données et d’information fiables sur les zones humides d’un pays constitue un des handicaps majeurs pour la mise en place de mesures de conservation et de valorisation de ces écosystèmes. Il est donc important de dresser un inventaire exhaustif et à jour des principales zones humides en Tunisie, en utilisant, dans la mesure du possible, des approches méthodologiques standards et conformes au cadre de la Convention de Ramsar. Les données recueillies doivent permettre de localiser, délimiter et caractériser les zones humides tunisiennes et de dresser un état de référence pour les futurs programmes de conservation, de valorisation et de restauration.
Dans ce contexte, M. Anis GUELMAMI, chef de projet à la Tour du Valat, a assuré que l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes apportera tout son soutien aux autorités tunisiennes, pour la réalisation d’un nouvel inventaire national des zones humides, basé essentiellement sur les outils d’Observation de la Terre. En effet, suite aux projets GlobWetland-II (2010-2014), GlobWetland-Africa (2015-2018) et SWOS (2015-2018), de nouvelles approches innovantes ont été développées et testées (y compris sur des sites et bassins versants tunisiens) et l’objectif serait alors de mieux les intégrer dans les futurs programmes et projets visant à mettre à jour l’inventaire national des zones humides en Tunisie. De plus, grâce à ces nouvelles méthodes, les informations cartographiques fournies permettront de renseigner directement certains indicateurs liés aux Objectifs de Développement Durable (ODD), tel que le 6.6.1 (Etendue et évolution des écosystèmes liés à l’eau).
De son côté, Mme Imen RAIS, du WWF Afrique du Nord, a présenté, lors de son intervention, la Lagune de Ghar el Melh et le Delta de la Medjerda et les étapes clés dans la mise en place d’un modèle de gestion intégrée des ressources à Ghar el Melh qui permet la conservation du patrimoine naturel et le développement durable.
Elle a également souligné le rôle joué par WWF Afrique du Nord, ensemble avec des organisations internationales notamment l’Initiative MedWet, dans la promotion de Ghar El Melh, première ville arabe et nord-africaine sur la liste de la Convention de Ramsar des villes accréditées. “Nous œuvrons actuellement à promouvoir les activités de tourisme durable autour de la lagune de Ghar El Melh et à limiter la charge sur cette côte qui subit une fréquentation importante en été”, a déclaré Mme Imen RAIS.
Lorsque les interventions se sont terminées, le public a participé intensivement à la discussion en exprimant ses commentaires et en posant ses questions. La discussion s’est concentrée surtout sur les deux domaines principaux : la stratégie nationale de zones humides et l’importance d’établir un inventaire national.
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Communiqué de presse de L’événement
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