Retour sur la présence méditerranéenne à la COP13 de la Convention de Ramsar

La Convention de Ramsar sur les zones humides a organisé la 13e Session de sa Conférence des Parties contractantes (COP13) à Dubaï, Emirats Arabes Unis, du 20 au 29 octobre 2018. La Conférence s’est concentrée sur le thème « Les zones humides pour un avenir urbain durable », qui a souligné le rôle important joué par les zones humides pour rendre les villes vivables. Une fois de plus, la COP de la Convention de Ramsar visait à évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Convention, à négocier 26 projets de résolutions et à examiner les questions émergentes et les actions prioritaires.

La COP13 a réuni plus de 1300 participants, dont les délégués des 170 Parties contractantes à la Convention de Ramsar, des organisations internationales et non gouvernementales (ONG), des experts des questions relatives aux zones humides, des observateurs et des visiteurs.

L’Agora Méditerranéenne :

L’Agora était un espace dédié à la communauté méditerranéenne des Parties contractantes, partenaires et observateurs présents à la COP13. Cette Agora a été mise en place dans l’espace dédié aux expositions.

L’Agora Méditerranéenne à la COP13 de la Convention de Ramsar. Photo: MedWet

Pendant toute la durée de la Conférence, MedWet et ses différents partenaires y compris la Tour du Valat et la Foundation MEDSEA, se sont réjouies d’accueillir dans l’Agora des personnes d’âges et de nationalités différents. Elles ont été rassemblées par une seule idée : protéger les zones humides et essayer d’améliorer leur statut. Nous avons échangé avec eux et écouté leurs aspirations et leurs idées pour préserver les zones humides dans le monde entier.

L’Agora Méditerranéenne à la COP13 de la Convention de Ramsar. Photo: Tour du Valat

Parmi les visiteurs se trouvaient des délégués de différents pays venus découvrir nos projets, nos actions, nos réalisations et nos outils liés à la conservation des zones humides.

Outils de communication sur les zones humides à l’Agora Méditerranéenne à la COP13 de la Convention de Ramsar. Photo: Tour du Valat

Les Prix Ramsar pour la conservation des zones humides

Le Prix Ramsar de la conservation des zones humides 2018 reconnaît et récompense les contributions de particuliers, des organisations et des gouvernements du monde entier à la promotion de la conservation des zones humides et de leur utilisation rationnelle .

Pendant la soirée du lundi 22 octobre 2018, l’organisation espagnole Fundación Global Nature s’est vu remettre le Prix pour l’utilisation rationnelle des zones humides, pour ses efforts de restauration de la lagune La Nava de 2200 hectares qui a été asséchée en 1968. Cette restauration aura constitué l’étape la plus importante de l’histoire des actions de conservation en Espagne. Une fois le site remis en état, La Nava est redevenue une réserve naturelle d’importance internationale et un lieu de repos pour les oiseaux migrateurs. Elle abrite 225 espèces d’oiseaux, dont 50% présentes en Espagne. Depuis sa création, la Fundación Global Nature a œuvré, au total, à la conservation et à la restauration de 14 000 hectares de zones humides. La fondation est intervenue sur plus de 100 zones humides en Espagne, dont huit sont classées Sites Ramsar.

Pour en savoir plus sur les Prix Ramsar pour la conservation des zones humides ici.

l’organisation espagnole Fundación Global Nature s’est vu remettre le »Prix pour l’utilisation rationnelle des zones humides » à la COP13. Photo: Tour du Valat

Le Label « Ville des Zones Humides accréditée Ramsar »

À l’occasion de la COP13, la Convention de Ramsar a décerné, pour la première fois, un Label Ville des Zones Humides accréditée à 18 villes qui ont pris des mesures exceptionnelles pour sauvegarder leurs zones humides urbaines ou périurbaines. Ces pionnières constituent un exemple qui incitera d’autres villes à prendre des mesures appropriées pour parvenir à une urbanisation durable. D’autres labels villes de zones humides devraient être présentés à la prochaine COP de la Convention de Ramsar en 2021.

La ville de Ghar el Melh (Bizerte, Tunisie) a été l’une des lauréates du Label Ville des zones humides. Ce prix est le fruit d’une riche collaboration entre plusieurs acteurs de la région, en particulier la Direction Générale des Forêts (DGF) du Ministère de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche de la Tunisie et le WWF Afrique du Nord avec le soutien du Secrétariat Ramsar, de l’Initiative MedWet et de la communauté locale de Ghar el Melh. Pour plus de détails, lisez notre article « Ghar El Melh (Tunisie), première ville arabe et nord-africaine des zones humides » ici : http://bit.ly/2OlPOPq

Regardez la vidéo de l’attribution à Ghar el Melh du Label Ville des zones humides.

La ville de Ghar el Melh (Bizerte, Tunisie) reçoit le Label Ville des zones humides lors de la COP13 de la Convention de Ramsar. Crédit photo : Secrétariat MedWet

Dans ce contexte, un évènement parallèle ‘’ Le Label « Ville des Zones Humides accréditée Ramsar »: le cas de Ghar El Melh (Tunisie)’’ a été organisé le 26 octobre par le WWF Afrique du Nord et la Direction générale des forêts de la Tunisie (DGF).

Madame Sana Mzoughi, du WWF Afrique du Nord, a donné un aperçu de la création et de l’historique du ‘’Label Ville des Zones Humides ‘’ de la Convention de Ramsar, une résolution initiée par le gouvernement tunisien à travers son point focal (le DGF), et soutenue par la République de Corée. Elle s’est également penchée sur le cas de Ghar el Melh, la ville à l’origine de la création du ce label.

M. Paul Ouedraogo, du Secrétariat Ramsar, a souligné les difficultés rencontrées dans le processus d’établissement du Label Ville des zones humides et rappelé les pressions exercées aux niveaux national et international jusqu’à l’adoption de la procédure par la Convention de Ramsar à la précédente COP12 en 2015. Il a également insisté sur le travail important et le soutien du gouvernement tunisien, du WWF Afrique du Nord et de l’Initiative MedWet à cette procédure de long terme depuis 2012.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Sana Mzoughi, Chargée de projet Cultures et Paysages au WWF Afrique du Nord à l’émail smzoughi@wwfna.org.

L’événement parallèle ‘’ Le Label « Ville des Zones Humides accréditée Ramsar »: le cas de Ghar El Melh (Tunisie)’’ à la COP13. Photo: MedWet

L’évènement parallèle a donné lieu à une brève présentation par Madame Imen Rais, chargée de projet Eau douce au WWF Afrique du Nord, du le projet « GEMWET – Conservation et développement durable des zones humides côtières à haute valeur écologique : le cas de Ghar el Melh, Tunisie« , financé par la Fondation MAVA et coordonné par WWF Afrique du Nord. Ce projet vise à contribuer au développement économique, socioculturel et écologique de la région de Ghar El Melh grâce à la mise en place d’un système de gestion intégrée des ressources disponibles et de bonnes pratiques de gestion. À terme, un système de gouvernance locale participatif et intégré préservera la précieuse lagune de Ghar el Melh. Pour en savoir plus sur le projet ici: http://bit.ly/Gemwet_Fr

Télécharger la présentation en Pdf de Imen Rais sur le projet GEMWET ici.

Les villes françaises d’Amiens, Courteranges, Pont Audemer et Saint Omer figurent au nombre des 18 villes qui ont reçu le label Ville des zones humides.

« Face au changement climatique, notre réponse collective est une nécessité absolue. Sur chaque territoire, nous devons nous mobiliser, agir concrètement. Ramsar est un moyen d’action essentiel« , a indiqué Michel Leroux, maire de Pont-Audemer. Brigitte Fouré, maire d’Amiens est allé plus loin « l’un des intérêts de ce label est de mettre en relation des villes qui, à travers le monde, ont le même souci de protection des zones humides. Nous avons l’intention de créer un club. C’est la Corée et la Tunisie qui ont lancé l’idée. Ce club nous permettrait d’échanger sur les bonnes pratiques en la matière ».

Découvrez les quatre villes françaises récompensées ici :

Amiens, dans la Somme : https://youtu.be/tHOq4Fts888
Courteranges, dans l’Aube : https://youtu.be/sdOG9arxOrw
Pont-Audemer, dans l’Eure : https://youtu.be/0zNGuVMQ6do
Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais : https://youtu.be/bljM8V-Ggfs

Pour en savoir plus sur le Label « Ville des Zones Humides accréditée Ramsar » ici.

Les quatre villes françaises reçoivent le label Ville des zones humides. Photo: Tour du Valat

Approches culturelles de l’utilisation rationnelle des zones humides – passées, présentes et futures

Au cours de la COP13, la Tunisie, également au nom du Burkina Faso et du Sénégal, a présenté le projet de résolution sur » les valeurs culturelles et les pratiques des peuples autochtones et communautés locales, et sur leur contribution à l’atténuation des changements climatiques et à l’adaptation à ces changements dans les zones humides« . La déléguée tunisienne a souligné l’importance vitale des zones humides pour le bien-être humain, pour les moyens d’existence et pour la sécurité alimentaire, notant l’existence de zones géographiques économiquement défavorisées qui sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques. La résolution a été adoptée par la réunion.

Dans ce contexte, Mme Gordana Beltram, présidente sortante du Groupe de pilotage de MedWet, et M. Chris Rostron, de Wetland Link International, ont lancé, le 23 octobre, l’évènement parallèle » Les approches culturelles de l’utilisation rationnelle des zones humides – passées, présentes et futures « . L’événement a célébré le rôle déterminant que les valeurs culturelles et les communautés peuvent jouer dans l’amélioration des résultats de la conservation des zones humides. Il a mis en valeur les réalisations du projet financé par la MAVA intitulé «Conservation du patrimoine naturel et culturel des zones humides : leadership mondial pour une approche intégrée dans le cadre de la Convention de Ramsar» (mars 2015-mars 2018).

Pour en savoir plus sur l’événement parallèle, consultez l’article dédié au side event sur le site du MedWet Culture.

Améliorer la conservation des zones humides côtières méditerranéennes

Lors de la COP13, le projet de résolution sur ‘’la promotion de la conservation et de l’utilisation rationnelle des zones humides intertidales et des habitats associés sur le plan écologique’’ a également été adopté. Cette résolution est très pertinente pour MedWet, qui mène la campagne de communication « Off Your Map », financée par la Fondation MAVA, pour la conservation des zones humides côtières dans la région méditerranéenne.

Le 24 octobre, la Fondation MAVA a lancé l’évènement parallèle « Améliorer la conservation des zones humides côtières méditerranéennes « , organisée par MedWet, avec un aperçu du Programme de conservation des zones humides côtières dans la région méditerranéenne. M. Jean Jalbert, Directeur général de la Tour du Valat, a souligné l’important soutien de la Fondation MAVA et a rendu hommage à la Fondation non seulement pour être un généreux donateur privé mais aussi pour mobiliser la communauté méditerranéenne autour de la conservation et la gestion rationnelle des zones humides côtières dans la région.

L’évènement parallèle » Améliorer la conservation des zones humides côtières méditerranéennes » lors de la COP13. Crédit photo : MedWet

Thanos Giannakakis, du WWF Grèce, a présenté le réseau de zones humides des îles méditerranéennes (MedIsWet) pendant cet événement parallèle. Il a donné un aperçu des aspects historiques du projet, a décrit ses principaux objectifs et s’est concentré sur les progrès réalisés sur le terrain par les 13 partenaires du projet.

Thanos Giannakakis, du WWF Grèce, présente le projet MedIsWet lors de la COP13. Crédit photo : Tour du Valat

Télécharger la présentation en PDF de Thanos Giannakakis sur le projet MedIsWet ici.

Lors du même évènement, la Fondation MEDSEA a présenté le projet MARISTANIS pour la protection des zones humides côtières en Sardaigne, ses objectifs et son progrès sur un an. Elle s’est concentrée également sur les initiatives de la Fondation MAVA relatives aux zones humides côtières. Le projet vise à parvenir à une gouvernance intégrée et partagée pour les six sites Ramsar de la région et à la gestion durable de chacun d’entre eux. Plusieurs actions visant à préserver la biodiversité, à réduire l’impact des activités humaines et à valoriser le patrimoine culturel ont été mises en œuvre au cours de la première année. Toutefois, le résultat le plus notable a été l’implication et la participation effective des acteurs locaux et l’intérêt nouveau manifesté pour les zones humides dans toute la région Sardaigne.

Regardez la vidéo présentant les six sites Ramsar du Golfe d’Oristano et de la Péninsule de Sinis (Sardaigne, Italie) impliqués dans le projet MARISTANIS.

Télécharger la présentation en PDF de MEDSEA sur le projet Maristanis ici.

La Fondation MEDSEA présente le projet MARISTANIS lors de la COP13 à Dubai. Photo: Tour du Valat

Lancement officiel du nouveau rapport « Suivi de l’état et des tendances des zones humides dans la région méditerranéenne: Mediterranean Wetland Outlook 2 »

Jean Jalbert, de la Tour du Valat, Gordana Beltram, Présidente sortante du Groupe de pilotage de MedWet, et Paul Ouedraogo, du Secrétariat de la Convention de Ramsar, ont lancé l’évènement parallèle « Suivi de l’état et des tendances des zones humides dans la région méditerranéenne: Les zones humides méditerranéennes – enjeux et perspectives 2 » pour lancer officiellement le nouveau rapport intitulé ‘’Les zones humides méditerranéennes – enjeux et perspectives 2 : Solutions pour des zones humides méditerranéennes durables (MWO2)’’ sur l’état, les enjeux, les perspectives et les solutions pour des zones humides méditerranéennes durables.

Lancement officiel du rapport » Les zones humides méditerranéennes – enjeux et perspectives 2 » lors de la COP13 à Dubaï. Crédit photo : Tour du Valat

Les « Perspectives des zones humides méditerranéennes » sont des rapports uniques de l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes (OZHM), fonctionnant sous l’égide de la Tour du Valat et de l’Initiative pour les zones humides méditerranéennes, MedWet. Le 25 octobre, la deuxième édition a été lancée, permettant pour la première fois aux scientifiques d’aller au-delà d’une évaluation de base et d’identifier les tendances dans le temps. Le MWO2 brosse un tableau sombre de la situation actuelle, avec une perte d’habitats naturels de zones humides plus élevée dans le bassin méditerranéen que la moyenne mondiale : 48 % contre 36 %, respectivement. Cela se vérifie également dans la biodiversité : 36 % des espèces des zones humides sont menacées dans le bassin méditerranéen contre 25 % dans le monde. Les Parties contractantes méditerranéennes à la Convention de Ramsar ont toutefois poursuivi leurs efforts pour protéger les zones humides méditerranéennes et ont inscrit 660 000 hectares supplémentaires dans la liste Ramsar des zones humides d’importance internationale (sites Ramsar) depuis 2012.

Au cours de l’évènement parallèle, plusieurs pays tels que l’Albanie, l’Algérie, l’Espagne, la France, Malte, le Maroc, le Portugal, la Slovénie, la Tunisie et la Turquie ont exprimé leur satisfaction pour le travail entrepris pour produire le MWO2. Le véritable défi consiste maintenant à mettre en œuvre des plans de gestion durable et à suivre la recommandation du rapport préconisant l’utilisation des zones humides pour progresser vers la réalisation des ODDs et atténuer les effets du changement climatique.

Pour en savoir plus sur le rapport, consultez le communiqué de presse ici: http://bit.ly/MEDWetlandsOutlook2fr-launch.

Télécharger la présentation en PDF de Ilse Geijzendorffer, de l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes, sur le MWO2.

Ilse Geijzendorffer, de l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes, présentant les principaux résultats du MWO2. Crédit photo : Tour du Valat

L’observation de la Terre (OT) change les règles du jeu pour les Parties contractantes à la convention de Ramsar

Le 26 octobre, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) a organisé un événement parallèle intitulé « L’observation de la Terre change les règles du jeu pour les Parties contractantes à la convention de Ramsar « . L’événement a informé la communauté de Ramsar des derniers développements en matière d’OT et de la disponibilité d’ensembles de données, de méthodes et d’outils qui peuvent soutenir le développement des observatoires des zones humides. Ces ensembles de données et outils d’OT ont été illustrés par des exemples pratiques démontrant l’efficacité des approches d’OT. L’événement suivait également un fil conducteur abordant d’abord les facteurs politiques (la Convention de Ramsar et les Objectifs de Développement Durable (ODD)), résumant les ressources satellitaires existantes et à venir, présentant les nouveaux ensembles de données mondiales d’OT (Global Surface Waters, Global Mangrove Watch) et soulignant les meilleures pratiques nationales en Albanie, en Algérie, à Rwanda et en Uganda. Il a également présenté un certain nombre d’outils et de plates-formes d’OT (GlobWetland-Afrique et SWOS), présenté le cadre de coopération internationale du GEO pour les zones humides et a résumé les possibilités et les défis d’OT pour les Parties Contractantes à la Convention de Ramsar, avec une perspective sur les plans futurs.

Téléchargez la présentation d’Anis Guelmami lors de l’événement parallèle ici.

Anis Guelmami (OZHM, Tour du Valat) parle de l’utilisation des données satellitaires pour aider les pays à s’acquitter de leurs obligations en matière de rapports concernant la Convention de Ramsar et l’objectif de développement durable 6.6.1. Photo: Tour du Valat

Bonnes nouvelles pour le monde arabe

Au cours de la COP13, le projet de résolution sur la stratégie pour les langues de la Convention de Ramsar a été adopté avec l’appui des pays arabophones tels que l’Algérie, les EAU, la Libye, la Jordanie, Oman et la Tunisie et d’autres, rappelant que l’arabe est l’une des langues officielles des Nations Unies et que la stratégie permettra de sensibiliser davantage le public dans la région arabe. Madame Hela Guidara, de la DGF-Tunisie, a exprimé le soutien de son pays à l’adoption de l’arabe comme langue de travail de la Convention de Ramsar et a rappelé le rôle important joué par l’Initiative MedWet dans la diffusion d’actualités en arabe des zones humides par le biais de ses médias sociaux et de son site Web.