Le bassin méditerranéen possède environ 18,5 millions d’hectares de zones humides (±3,5 millions), soit 1,5 % des zones humides du monde (Perennou et al., 2012). Il héberge environ 400 lagunes côtières, couvrant une superficie de plus de 641 000 ha, qui diffèrent tant par leur typologie que par leur utilisation. La pêche et les diverses formes d’aquaculture ont été traditionnellement pratiquées dans les lagunes côtières méditerranéennes depuis l’Antiquité et font partie du patrimoine culturel de la région (FAO, 2015).
Qu’est-ce qu’une lagune ?
Les lagunes méditerranéennes sont des plans d’eau littoraux de faible profondeur séparés de la mer par un cordon sableux : le lido. Les lagunes communiquent avec la mer par l’intermédiaire d’un ou plusieurs passages appelés « graus » : permanents ou temporaires, ils permettent les entrées d’eau marine sous l’effet des marées et du vent. Des apports en eau douce proviennent du bassin versant via les rivières et le ruissellement pluvial. Les lagunes entretiennent également des relations avec leurs marais périphériques qui ne sont pas en contact direct avec la mer.
Lagune côtière de Vic (34), France. © SIEL
Lagunes côtières et réduction des risques côtiers
Si elles sont bien gérées, les lagunes côtières peuvent, via des services de régulation, constituer une solution efficace et moins coûteuse que des infrastructures matérielles, et un des outils de gestion des risques côtiers dans le contexte des changements climatiques, pour en atténuer ses effets. La protection de ces écosystèmes côtiers peut apporter des solutions innovantes aux acteurs des territoires.
- Le service de protection contre les événements climatiques extrêmes
En ayant la capacité d’atténuer la puissance des tempêtes, la force et la vitesse des vagues, les lagunes côtières font office de zones tampons. Protéger ces écosystèmes peut à ce titre être une mesure d’adaptation, car cela permet de réduire la vulnérabilité des populations à leurs impacts. (Campbell et al., 2008 ; MA, 2005a ; Pergent et al., 2012 ; ProAct Network, 2008 ; Secrétariat de la Convention de Ramsar, 2010 ; Wetlands International, 2008)
- Le service de maîtrise des crues
Les lagunes sont à même de stocker l’eau dans le sol ou de la retenir à la surface. Ainsi, elles permettent d’écrêter les pics de crues, d’étaler la lame d’eau, de réduire la vitesse du courant et d’allonger la durée de l’inondation à un faible niveau d’eau (Agence de l’eau RMC, 2006 ; MA, 2005a ; OZHM, 2012 ; Turpie et al., 2010 ; Wetlands International, 2008).
- Le service de soutien d’étiage
Le nombre de zones humides qui stockent l’eau en période humide peuvent être des réserves d’eau en période sèche. Dans ce cas, l’eau n’a pas été restituée directement mais s’est infiltrée lentement dans le sol, de manière à alimenter progressivement les nappes phréatiques et les cours d’eau. Cela contribue à limiter les effets des sécheresses (Agence de l’eau RMC, 2006 ; OZHM, 2012).
Les lagunes côtières sont menacées
Des changements physiques dans le climat méditerranéen ont été largement observés et ces tendances devraient se poursuivre dans le futur.
Les principaux impacts attendus du changement climatique sur les côtes et les zones humides sont liés à la tendance à: a) une augmentation de la température par rapport à la moyenne européenne et mondiale de l’ordre de 2 à 6,5 °C d’ici la fin du siècle [Travers et al., 2010], b) une diminution importante des précipitations, c) une augmentation de la fréquence des événements extrêmes et d) une augmentation prévue de 7 à 12 cm du niveau général de la mer Méditerranée, par rapport aux décennies précédentes, d’ici 2050 [Gualdi et al., 2013] ce qui pourrait compromettre l’existence ultime de lagunes côtières méditerranéennes, en particulier les lagunes deltaïques de l’Égypte, de la France et de l’Italie du Nord.
Ces principaux facteurs peuvent agir en synergie avec plusieurs pressions anthropiques et peuvent menacer gravement les écosystèmes côtiers. L’élévation du niveau de la mer peut causer directement la perte des plaines et des plages dans les écosystèmes côtiers et peut ainsi favoriser à la fois l’érosion côtière et la perte d’habitat de plusieurs espèces, dont la plupart sont endémiques ou menacées.
L’élévation du niveau de la mer serait donc critique pour certains habitats côtiers méditerranéens tels que les lagunes, les deltas et les estuaires, etc.).
Comment agir ?
Garder et entretenir les services rendus par les lagunes côtières peut être une mesure d’adaptation au changement climatique puisque cela permet de réduire la vulnérabilité des populations aux impacts de ces aléas.
La conservation de ces écosystèmes doit être pleinement intégrée dans les stratégies d’action sur le climat et sur les risques naturels, du niveau international jusqu’au niveau local.
Enfin, les actions à entreprendre concernent en particulier :
a) la création et la gestion d’espaces protégés et de continuités écologiques,
b) l’amélioration des pratiques de gestion et d’utilisation des écosystèmes,
c) la restauration des milieux dégradés, et
d) l’élaboration d’une méthode pour évaluer les vulnérabilités actuelles et futures et les risques de catastrophes touchant les côtes. Dans ce cadre un indice multi-échelle des risques côtiers en Méditerranée élaboré par Plan Bleu présente plusieurs avantages qui rendent cette méthodologie particulièrement adaptée pour aider à la prise de décisions en dépit des ressources et des données locales limitées, ainsi que des informations incertaines concernant l’avenir. Voir la carte régionale de l’évaluation des risques côtiers ici (Plan Bleu, novembre 2016).
Sources
- Rapport technique du Plan Bleu et la Tour du Valat ”Services écologiques rendus par les zones humides en matière d’adaptation au changement climatique” (Rapport ici)
- Rapport du PNUE et RAC SPA 2010: ‘’the Mediterranean Sea Biodiversity: state of the ecosystems, pressures, impacts and future priorities’’ (Rapport ici)
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