Retours de jeunes écologues sur le suivi de moustiques

Etude et évaluation de l’efficacité des pièges à moustiques en utilisant le CO2 et les phéromones attractives.

tourduvalatCatherine Lavallée-Chouinard est une diplômée du programme de Licence Professionnelle en Bioécologie (Quebec) et Camille Muranyi-Kovacs est une étudiante en année terminale du Master en Gestion du Littoral et des Zones Côtières. Elles travaillent ensemble sur une étude pour mesurer l’impact de la lutte contre les moustiques à la Tour du Valat, Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes basé en France et créé par Dr Luc Hoffmann en 1964.

 

Camille and Catherine Le Sambuc. Photo credit B. Soler

Camille et Catherine pendant le test du Mollet au Sambuc. © B. Soler

Le projet de démoustication a été mené au cours des dernières années avec l’épandage de la bactérie Bti (Bacilus thuringiensis israelensis) sur les zones humides de la Camargue. Le Bti est une bactérie utilisée comme agent de lutte biologique contre les larves de certains types de mouches et de moustiques. Le Bti produit des toxines qui sont efficaces pour tuer les diverses espèces de nématocères, y compris les moustiques et autres insectes comme les chironomes (cousin du moustique mais non piqueur), sans presque aucun effet direct sur d’autres organismes. Indirectement, le Bti affecte de nombreuses espèces différentes, car les larves de moustiques représentent la base de la chaîne alimentaire de l’écosystème.

Il existe cinq types différents de moustiques en Camargue: Ochlerotatus caspius, Culex pipiens, Anopheles hyrcanus, Aedes vexans et, pendant l’hiver, Ochlerotatus detritus. Ils sont très fréquents dans la région et il est difficile de les différencier. Dans certaines régions du monde, ils peuvent transmettre plusieurs maladies, surtout aux animaux.

Combination of CO2 and pheromones Tour du Valat. Photo credit B. Soler

Combinaison de CO2 et de phéromones © B. Soler

Actuellement une nouvelle méthode est mise en place pour lutter contre les moustiques, en utilisant des pièges à moustiques et la Tour du Valat est en charge de l’évaluation du projet. Le programme d’évaluation mis en place en Camargue, dans la Réserve naturelle de la Tour du Valat et le village du Sambuc, vise à évaluer l’efficacité des pièges conçus pour attraper les moustiques dans les zones urbaines. Le projet utilise seize pièges conçus pour attirer les moustiques femelles avec une combinaison de CO2 et de phéromone d’Octénole qui permet la simulation de la respiration et de la transpiration humaine. Lorsque les moustiques sont proches des pièges, le système de ventilation les attirent dans le filet. Le projet mesure l’impact de ce nouveau système sur d’autres insectes et animaux et compare les résultats avec la démoustication au Bti.

 

Catherine changing the net in one of the sixteen traps. Photo credit B. Soler

Catherine change le filet ©B. Soler

Pour développer ce test, Camille et Catherine capturent des individus en vidant les filets des pièges le matin et le soir, entre 9h et 22h. Chaque piège est composé d’une boîte en bois avec un filet à l’intérieur pour attraper les insectes.

Chaque jour, l’équipe relève les filets contenant les moustiques et sépare ces derniers des autres espèces capturées, afin de peser les moustiques et calculer le nombre total d’individus capturés dans chaque piège. Une fois par semaine, l’équipe identifie tous les différents insectes capturés par trois des seize pièges pour être capable de mesurer l’impact des pièges sur les individus de chaque population (y compris les différentes espèces de moustiques).

 

 

 

De plus pendant les soirées, Camille et Catherine font le « test du Mollet », test qui consiste à se placer près de trois des seize pièges et également près de deux zones non contrôlées, et attendre d’être piqué par les moustiques afin de les aspirer avec un tube. Avec ce test, elles évaluent le nombre de moustiques voulant les piquer sur un temps de 10 minutes sur les deux zones différentes, ce qui permet de mesurer l’efficacité des pièges.

 

Crystal tube used in the Test du Mollet. Photo credit B. Soler.

Tube cristal utilisé dans le test du Mollet. ©B. Soler.

Depuis le début de l’étude, les résultats ont montré qu’il y a 80% d’augmentation de piqures de moustiques dans la zone sans piège que dans la zone avec piège. Lors d’un test, elles ne capturent pas plus de cinq moustiques dans le noyau urbain et près d’une centaine d’individus dans la zone naturelle.

Il convient de noter qu’elles évaluent également l’influence du projet sur la colonie d’hirondelles vivant au Sambuc, puisqu’elles sont insectivores et se nourrissent de mouches et de moustiques. Deux fois par semaine, elles surveillent l’évolution des nids pour identifier l’impact sur l’alimentation des poussins.

 

Camille monitoring a nest. Photo credit C. Muranyi-Kovacs

Camille surveille un nid.© C. Muranyi-Kovacs

Comme l’affirme Camille: « Cette toute nouvelle méthode de lutte contre les moustiques aide à maintenir la chaîne alimentaire et l’équilibre naturel de l’écosystème, car les pièges ne tuent pas les larves qui nourrissent un grand nombre d’espèces animales ».

Pour Catherine, ce projet était important pour mieux comprendre les effets de la lutte contre les moustiques sur la population humaine. « Les gens veulent les éradiquer, car ils peuvent transmettre des maladies, mais nous ne pouvons pas simplement les tuer et ignorer le fait qu’ils ont une place importante dans le cycle de vie. Nous devons faire un compromis pour contrôler leurs effets négatifs d’une manière judicieuse. Ce projet est une excellente idée moderne pour trouver un moyen écologique de réduire au minimum la population de moustiques sans l’éliminer complètement, de manière à maintenir l’équilibre du cycle de la vie. »

Comme le dit Catherine: «En tant que technicienne du projet de démoustication, j’ai appris beaucoup de choses sur l’identification des insectes et leurs habitudes de vie. Il y en a tellement et nous en apprenons toujours plus à leur sujet « .

 

 

 

medwetlandsforallPour la campagne de l’IUCN et de MedWet: #NatureForAll et #WetlandsForAll, les jeunes chercheurs considèrent qu’une zone humide, pour eux, est un écosystème qui est vraiment important pour un grand nombre d’animaux et aussi pour les humains : où il y a une zone humide, il y a la vie.

 

Plus d’informations

Dmoustique du sambucepuis le début du projet, l’équipe a publié des fiches d’informations et des conseils sur une page Facebook, entièrement dédiée aux moustiques.

Saviez-vous, par exemple, que les moustiques pollinisent les fleurs du cacao ?

Si vous voulez savoir plus d’informations intéressantes, visitez leur page Facebook ici.

 

Programme gestion des écosystèmes à la Tour du Valat

 

Contact

Brigitte Poulin, chef du département « Écosystèmes » à La Tour du Valat mail

Camille Muranyi-Kovacs mail

Catherine Lavallée-Chouinard mail