LE SYMPOSIUM D’AGADIR VU PAR LA PRESSE: ENTRETIEN DE PERSONNES RESSOURCES DE L’AFRIQUE DU NORD ET DU MOYEN-ORIENT

Lors du Symposium sur l’Eau et les Zones humides en Méditerranée qui s’est tenu récemment dans la ville côtière du sud du Maroc, Agadir, des experts venus de tout le pourtour méditerranéen se sont réunis pour discuter des problèmes auxquels sont confrontés les écosystèmes des zones humides – et ont essayé de trouver des solutions. Une grande part de l’assemblée venait des pays Arabes bordant les rivages de l’Est et du Sud de la mer Méditerranée et ils ont exprimés les points de vue suivants. Vous pouvez visionner la courte vidéo sur laquelle s’est basé cet article.

Nejib Benessaiah, coordinateur de l’Initiative MedWet, qui a organisé le Symposium, pense que l’objet principal du rassemblement porte essentiellement sur la conservation des zones humides. Il s’agit d’encourager l’utilisation durable de l’eau et de sensibiliser les plus jeunes générations. Il ajoute que les changements politiques actuels dans la région peuvent être des opportunités pour interpeler les plus jeunes générations aux sujets de la conservation. « L’idée est de s’appuyer sur la crise économique et politique que notre région subie pour réorienter notre travail et aider à lutter contre le chômage de nos jeunes en leur donnant la possibilité de s’impliquer dans les efforts de conservation en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, particulièrement en faveur des zones humides », précise Benessaiah.

Les participants ont été impliqués dans une visite de terrain à proximité du Parc national de Souss Massa. Le parc couvre une étendue de plus de 33 800 hectares et comprend une large variété d’écosystèmes. Cela permet à un grand nombre d’espèces différentes de la faune de prospérer. En plus d’être riche en biodiversité de la flore et la faune, le parc facilite la reproduction d’espèces en voie de disparition et les envoie dans d’autres pays de la rive Nord de la Méditerranée. Comme l’explique Mohammed El Bekkay, le Directeur du Parc National de Souss Massa, il a deux zones Humides distinctes dans le parc et toutes deux sont listées sur la Convention Ramsar de 1971pour la conservation des zones Humides. « Le Parc National de Souss Massa a été créé en 1991. Il est caractérisé par deux estuaires – le fleuve Souss et le fleuve Massa. C’est pourquoi il y a deux zones humides classées par Ramsar depuis janvier 2005 », précise El Bekkay.

Le Maroc possède un nombre significatif de zones humides qui couvrent aussi bien des sites ruraux que des zones côtières. L’une des plus spectaculaires est la Baie de Dahkla, dans le Sud près de la frontière avec la Mauritanie. Mais au Maroc, comme dans les autres pays arabes qui bordent la Méditerranée, la surexploitation de l’eau, l’agriculture intensive et les pressions du tourisme sont tous des facteurs de risque pour les zones humides.

Assad Serhal de la Société Libanaise pour la Conservation de la Nature dit que le système traditionnel « hima » — un système de protection environnement dans l’Islam – est une façon où la religion peut aider à faire passer des messages pour la conservation de l’eau. Il précise qu’utiliser la religion pour faire passer des messages environnementaux était particulièrement efficace dans les pays musulmans du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. « Dans nos pays arabes et musulmans, l’eau est très sacrée. C’est quelque chose qui existe dans toutes les religions et aussi dans la religion musulmane, dans le Coran et sous la Sharia (loi islamique) où l’eau polluée et le gaspillage sont interdits. Ce concept est plus fort que la loi civile. Maintenant, il y a une prise de conscience de revenir à nos racines, par le biais de l’Hima (protection environnementale islamique), d’anciens systèmes de canaux qui existent toujours dans les villages libanais et que les villageois utilisent pour leurs fins, dans des régions comme Anjar et Akkar au Nord du Liban », détaille Serhal.

Soixante pour cent de la population pauvre en eau sont dans la région Méditerranéenne et la région représente trente pourcent des destinations touristiques dans le monde, particulièrement les régions côtières. Il n’est donc pas surprenant que certaines des solutions technologiques les plus avancées visent la région arabe. Kathrin Weise, chef de projet de la société d’imagerie par satellite, Jenaoptronik, dit que les pays arabes et particulièrement la Jordanie sont tout près de rentrer dans une nouvelle phase de gestion des zones humides. « Dans les prochaines semaines nous transmettrons le système et toutes les cartes que nous développons aux pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Alors, ils pourront prendre ces cartes et prouver à leurs partenaires et aux décideurs l’augmentation de l’agriculture, de la construction et de la colonisation. Par exemple à Asraq, une zone humide qui se trouve en Jordanie, les cartes vont être utilisées pour reconstruire les zones humides qui ont disparu dans les années 90 en raison d’une surexploitation de l’eau dans cette zone », précise Weise.

Un film réalisé par un groupe d’écoliers marocains et projeté lors du Symposium à Agadir, démontre sans ambages, dans des termes simples, les pressions présentes sur presque tous les sites des zones humides. Et les experts avertissent que tant que les gouvernements n’interviennent pas, il est peu probable que les zones humides soient en mesure de résister aux pressions extérieures telles que la croissance démographique, l’agriculture intensive et le développement touristique.

Mohammed Ribi, chef du département des Parcs et Réserves naturelles du Haut Commissariat marocain aux Eaux et Forêt et de Lutte contre la Désertification, statue qu’il est difficile de faire correspondre les arguments avancés par des projets économiques. ‘Il ya des pays qui ont fait de graves erreurs avec leurs zones humides côtières. Et nous essayons toujours par le biais de campagne de sensibilisation et même par la médiation officielle. Bien que cela ne soit pas toujours équilibré. Parce que les gens qui viennent avec des projets de développement avancent des chiffrent évoquant tant d’emplois et de personnes employées. Ils parlent de tourisme, du nombre de touristes qui viendront et des devises à gagner… Ce genre de chose. Un grand nombre de ce type d’aspects », termine Ribi.

Dans le bassin méditerranéen, les zones humides sont souvent associées à l’observation des oiseaux mais, aujourd’hui, ce ne sont pas seulement ces utilisateurs ailés de l’eau qui souffriront de la pénurie d’eau.

Vous pouvez visionner la courte vidéo sur laquelle s’est basé cet article.

Article par Sylvia Smith, BBC