IMPLIQUER LA SOCIETE CIVILE DANS LA GESTION INTEGREE DE L’EAU DANS LE SUD ET L’EST DE LA REGION MEDITERANEENNE

Quand il s’agit d’eau, le Sud et l’Est de la Méditerranée font partie des régions les plus pauvres du monde. La consommation annuelle d’eau continue de dépasser les ressources renouvelables et plusieurs zones humides importantes contenant une partie importante de ces ressources ont été détruites au cours du siècle passé, à cause du manque de reconnaissance de leur importance et de leur valeur. Ainsi, de nombreuses collectivités vivant autour de ces zones humides se sont appauvries et ne sont souvent pas impliquées dans la prise de décision et les processus de planification de cette ressource.

Le bureau méditerranéen du programme Wetlands international, accueilli par la Tour du Valat, a facilité la mise en œuvre d’une initiative financée par l’Agence Canadienne de Développement International (Canadian International Development Agency – CIDA) () qui vise à renforcer le rôle de la société civile dans la gestion des ressources en eau dans le Sud et l’Est de la Méditerranée. Trois projets de démonstration, menés par des partenaires nationaux, ont été mis en œuvre en Jordanie, au Maroc et en Tunisie.

En Tunisie, le projet a été exécuté par l’Institut National Agronomique de Tunis – INAT, qui a développé un outil décisionnel d’allocation des ressources en eau pour le lac Ichkeul, en Tunisie, à travers l’engagement d’un dialogue consultatif avec toutes les parties prenantes, notamment les collectivités locales et les instituts de recherche. L’outil, en utilisant des modèles de recherche et divers scénarios, permettrait d’améliorer la prise de décision par le ministère de l’Agriculture et des Ressources en eau sur l’allocation de l’eau.  Ce modèle, s’il est adopté, assurerait une utilisation équitable des ressources en eau pour les collectivités locales et une diversité biologique grâce à une approche participative.

Au Maroc, le partenariat national entre le bureau marocain du programme méditerranéen du WWF – WWF MedPO et l’Agence de Bassin Hydrologique du Sebou – ABHS comme agences d’exécution du projet national fut un bon modèle, pour commencer, car il combine à la fois une ONG et une agence gouvernementale. Le projet marocain a développé et mis en place un protocole de surveillance pour évaluer l’état écologique de l’eau douce dans le bassin du fleuve Sebou, tout en impliquant la société civile par la mise en place d’une « plate-forme verte » composée d’ONGs, de représentants des collectivités locales et d’instituts de recherche. Le protocole de surveillance est un outil majeur pour orienter les pratiques le long du bassin fluvial. Grâce à ce protocole, le bassin de Sebou est devenu le premier bassin au Maroc à adapter la directive « Cadre de l’Eau » dans un pays non-européen. L’évaluation d’une réplication potentielle de ce projet vers d’autres agences de bassin au Maroc a également été menée.

En Jordanie, le projet a été mis en œuvre par la Société Royale pour la Conservation de la Nature – RSCN. Une évaluation de l’impact du barrage de Mujib sur la biodiversité du fleuve du même nom a été achevée en garantissant la prise en compte des besoins et des valeurs de la biodiversité et l’utilisation durable des ressources en eau au niveau local dans la gestion du barrage. Un plan de gestion intégrée et une stratégie locale sur l’eau ont également été produits, tout en impliquant les parties prenantes les plus pertinentes, notamment des représentants des collectivités locales et l’Autorité centrale sur l’eau en Jordanie. Un large programme de sensibilisation a également été réalisé, ciblant l’ensemble des acteurs.

Afin de maximiser l’expérience régionale avec les partenaires nationaux du projet, plusieurs programmes d’échange entre les différents partenaires ont été coordonnés dans le programme régional. Cela permit à  chaque partenaire d’apprendre de l’expérience des autres. En outre, une série de tables rondes ont été organisées tout au long du projet, où les différents partenaires étaient présents pour partager et discuter de leurs réalisations, des défis à relever et des leçons apprises.

Le programme régional a atteint un niveau élevé de visibilité au niveau de la Méditerranée. En coordination avec les partenaires nationaux et régionaux, le concept du programme a été présenté comme une solution au Forum Méditerranéen de l’Eau qui s’est tenu à Marrakech en Décembre 2012. La solution proposée par le programme met l’accent sur « changer la façon de gérer l’eau dans le Sud et l’Est de la Méditerranée : les zones humides comme infrastructure naturelle ». La solution a ensuite été présentée et adoptée par le 6ème Forum de l’eau qui s’est déroulé à Marseille, en mars 2012.

En outre, le programme ainsi que ses projets nationaux ont été présentés lors du Symposium international sur l’eau et les zones humides méditerranéennes organisé par MedWet, à Agadir, au Maroc, en février 2012. Les projets nationaux ont fait l’objet de présentations lors des sessions thématiques et l’un des projets a remporté le « prix des posters scientifiques » du Symposium. Le bureau de Wetlands international a également co-animé la séance “Approche écosystémique de la gestion des ressources en eau” avec le WWF-Med PO et le Global Water Partnership-GWP. Par conséquent, le concept du programme a été adopté comme l’un des futurs engagements d’Agadir pour les 20 ans à venir.

Wetlands International prépare actuellement les bases d’un programme de partenariat entre les partenaires régionaux : la Tour du Valat, le WWF-MedPO, le Global Water Partnership-Mediterranean, l’UICN et MedWet pour mener à bien le concept mentionné ci-dessus.

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