ENTRETIEN DE VIVI ROUMELIOTOU, COORDONATRICE DE LA POLITIQUE ET LE SECTEUR DU DEVELOPPEMENT DURABLE DE LA SOCIETE POUR LA PROTECTION DE PRESPA

Le Mardi 4 octobre 2011, l’approbation finale de l’”Accord international pour la protection et le développement durable du parc de Prespa” par le Conseil des Ministres de l’UE a été publiée au Journal officiel de l’Union européenne (UE). Nous avons profité de cette occasion et nous avons interviewé Vivi Roumeliotou, de la Société pour la Protection de Prespa (SPP) sur la signification de ce développement ainsi que sur d’autres questions.

1. Pourquoi l’approbation finale de l’Accord international pour la Protection et le Développement Durable du Parc de Prespa, par le Conseil des Ministres Européens est-il important? Qu’est-ce que cela signifie sur un plan pratique?

Le parc de Prespa est la première zone transfrontalière protégée dans les Balkans. Elle a été établie en février 2000 par une Déclaration conjointe des Premiers Ministres de Grèce, d’Albanie et de l’ARYM, suite à une proposition de la Société pour la Protection de Prespa (SPP) et le WWF Grèce. Néanmoins, malgré les progrès réalisés ces 10 dernières années, l’absence d’un engagement obligatoire et officiel par les États concernés a entravé le processus. La signature de l “Accord international pour la protection et le développement durable de la zone du parc de Prespa”, le 2 février 2010 est venu combler ce manque, car il signale l’engagement formel des trois États partageant le bassin de Prespa, ainsi que la participation active de l’UE.

Crédit photo: L. Nikolaou, SPPNéanmoins, jusqu’à aujourd’hui, l’accord demeure inactif depuis que le processus de ratification requis par l’UE et les trois États s’est révélé à être un véritable dédale de la bureaucratie. L’approbation définitive par l’Union européenne signale la résolution unanime des institutions de l’UE à soutenir activement le processus de collaboration du parc de Prespa, et donne aux trois pays le “feu vert” pour entamer rapidement et pour conclure le processus de ratification au niveau national. Plus précisément, l’accord doit maintenant être ratifié par les parlements nationaux, afin d’ouvrir la voie à l’engagement complet de toutes les parties et enfin, d’amener ses dispositions en plein effet.

Il est important de souligner que cet accord est une «clé» pour les problèmes institutionnels qui ont bloqué la coopération jusqu’à présent. Puisque dès son entrée en vigueur, les trois États seront légalement tenus d’établir des structures permanentes de collaboration, afin de développer des stratégies communes et afin de mettre en œuvre des mesures convenues à la fois pour la protection de l’environnement naturel et pour les activités humaines liées, comme l’agriculture, la pêche, le tourisme et le développement d’infrastructures dans la région.

2. Comment la SPP a été impliquée dans la création du parc transfrontalier de Prespa?

L’implication de la SPP dans la création du parc transfrontalier de Prespa en 2000, et dans les années qui ont suivi, jusqu’à la signature de l’Accord international en 2010, a été un élément catalyseur.  Le parc de Prespa a été créé en 2000 par une déclaration des Premiers ministres des trois pays se partageant le bassin de Prespa, suite à une proposition de la SPP et du WWF  Grèce. Depuis, la SPP apporte son soutien au travail de l’intérimaire Comité de coordination du parc de Prespa (PPCC), une instance informelle qui a été mise en place pour tester la faisabilité de la collaboration transfrontalière dans le bassin. En effet, la SPP a été membre du PPCC, a accueilli le Secrétariat du parc de Prespa dans ses locaux à Agios Germanos, et a également été le principal organe de financement du Secrétariat.

Plus important encore – au-delà de l’appui institutionnel et opérationnel du PPCC – la SPP a contribué à maintenir l’élan de coopération, et à traduire les déclarations de haut niveau en action sur le terrain. Ceci a été réalisé à travers la préparation d’un Plan d’action stratégique pour le développement durable du parc de Prespa au début des années 00′. Pour la première fois il a formulé une vision commune et partagée de l’avenir de la région, et par le biais de la promotion de l’approche transfrontalière sur diverses questions, notamment sur la gestion des eaux, et par conséquent le développement et la mise en œuvre de plusieurs projets au niveau transfrontalier en collaboration avec des partenaires d’Albanie et de l’ARYM.

3. Quelles sont vos priorités actuelles concernant le parc transfrontalier de Prespa?

Les priorités actuelles de la SPP sont multiples: Sur un plan institutionnel, nous souhaitons voir une rapide ratification de l’Accord du parc de Prespa de 2010 et le lancement de la nouvelle collaboration officielle des institutions; la plus importante parmi elles est, à notre avis, le Comité de gestion du parc de Prespa qui sera composé par des représentants des Ministères de l’Environnement, des autorités locales, des autorités des zones protégées, d’ONG environnementales, et de la Commission de l’UE, avec Ramsar / MedWet comme observateur permanent, et le Groupe de travail permanent sur la gestion des eaux, qui sera composé par des représentants des autorités responsables de l’eau des trois pays et de l’Unité de l’eau de la Commission européenne .

Au niveau pratique, l’eau est à nouveau une priorité absolue, car elle constitue l’élément le plus influent des ressources naturelles, elle unifie le bassin et elle fait face à une série de défis lesquels peuvent être efficacement traités grâce à la collaboration interétatique. L’eau doit être surveillée dans le parc de Prespa d’une manière concertée et coordonnée par les trois pays, et les données qui découleront de cet exercice seront utilisées comme base pour les décisions et les actions communes. La SPP, avec un grand nombre d’instances et de scientifiques des trois états, ainsi que d’autres experts européens, a investi des ressources et des efforts considérables au cours des quatre dernières années afin de développer un système de surveillance transfrontalier, non seulement pour l’eau, mais aussi pour tous les éléments importants de la biodiversité et les activités humaines à Prespa. Ce système de surveillance transfrontalière doit être mis en œuvre de façon urgente dans la pratique, si l’on veut voir des résultats significatifs de la coopération transfrontalière dans un avenir proche. Sans une compréhension commune de ce que nous partageons ici et de l’état de nos ressources, nous ne pourrons jamais avoir une décision significative conjointe sur la manière de mieux préserver et de gérer nos ressources.

4. Selon la SPP, quel serait le meilleur scénario possible pour la gestion des lacs de Prespa, afin de garantir une meilleure protection de la nature et de la population de la région?

Au meilleur des cas, ou dans d’autres termes, notre vision pour l’avenir de la gestion environnementale dans la région du parc de Prespa, serait certainement un système de travail permanent de dialogue transfrontalier, de coopération et d’action, avec la participation des autorités compétentes et de toutes les parties intéressées, pour chacune des questions qui dépasse les préoccupations locales / nationales. Cela ne garantit pas une «solution rapide» aux problèmes environnementaux, ou à une amélioration immédiate des conditions de vie et de travail dans le bassin, mais c’est la seule approche, de notre point de vue, qui garantira effectivement ceux-ci dans le long terme.