FAIRE REVIVRE LES SALINES EN MEDITERANEE: ENTRETIEN AVEC KATIA HUESO KORTEKAAS- ASSOCIATION DES AMIS DES SALINS DE L’INTERIEUR

Les salines sont des types de zones humides d’un intérêt particulier pour la biodiversité qu’ils abritent et pour leur valeur culturelle. Nous avons saisi l’opportunité d’interroger Mlle Katia Hueso Kortekaas, de l’association des Amis des salines de l’intérieur, concernant leur travail, la valeur des salines intérieurs, et la coopération régionale.

1.    Qu’est-ce que l’Association des amis des salins de l’intérieur ?
Notre organisation est une association de type non-lucratif qui regroupe des personnes intéressées par la défense, la recherche et l’usage judicieux des valeurs culturelles et naturelles des paysages salins en général, et plus spécifiquement de ceux situés dans les zones intérieures ainsi que des salins traditionnels Bien que nous soyons basés à Guadalajara, en Espagne, nous travaillons à tout autre endroit du monde où le sel est présent. Nos adhérents sont d’origines très diverses : des universitaires aux producteurs de sel, des fonctionnaires aux consultants privés… Quiconque est intéressé par les valeurs liées au sel peut devenir membre.

2.    Qu’est-ce qui fait des salins, et en particulier des salins intérieurs, des écosystèmes spécifiques ?
Les paysages salins sont des écosystèmes spécifiques car tous les êtres qui y vivent doivent s’adapter à la présence du sel, en principe toxique pour la vie. Cela requiert des adaptations physiologiques très spécifiques qui demandent un investissement important en termes énergétiques et de ressources, rendant ces écosystèmes très sensibles aux modifications environnementales. Les salines intérieurs, par opposition aux salins côtiers, sont spécialement fragiles dans la mesure où ils sont entourés d’un environnement non-salé. Du fait de leur isolement, les espèces qui habitent les paysages salins intérieurs sont souvent rares, voire endémiques. Si les conditions salines disparaissent, les écosystèmes salins et les espèces qu’ils abritent peuvent également disparaître en même temps.

3.  Pouvez-vous décrire votre projet ou activité le plus couronné de succès ?
Notre plus grande prouesse a peut-être été de populariser le concept de “salines intérieurs”. Ces derniers sont souvent considérés comme les parents pauvres des salins côtiers ou même des lacs salés intérieurs. Les salines intérieurs sont, cependant, des zones importantes pour la biodiversité endémique et pour le patrimoine culturel. Grâce à notre participation à des conférences, la publication des résultats de nos recherches et nos propres événements, sans compter les plus de 800 lecteurs de notre revue El Afoli, les salines intérieurs sont en train de devenir mieux connus et de gagner progressivement la reconnaissance du public et des décisionnaires qui en ont la charge. Nous espérons continuer à travailler sur la réhabilitation et l’usage judicieux de ces zones ainsi que d’autres paysages salins traditionnels et de grande valeur, une tâche pour laquelle nous sommes de plus en plus souvent consultés.

4. Pensez-vous que la coopération régionale sur les salines soit importante ? Dans quels domaines la coopération est-elle la plus efficace ?
La coopération régionale sur les salines n’est pas seulement importante, elle est essentielle. Selon les pays, la gestion des salines peut varier énormément. De plus, les salines sont soumis à d’énormes pressions au niveau mondial : les salines côtiers sont situés sur des terrains plats qui sont très recherchés pour le développement immobilier et touristique. Traditionnellement, les salines intérieurs ont été considérés comme des lieux stériles et malsains, et ont été systématiquement draînés pour d’autres usages. La coopération régionale sur les salines est importante pour généraliser leurs valeurs auprès des décisionnaires, des gestionnaires de sites, des sponsors et du grand public. Je crois que des efforts devraient être faits pour approcher l’industrie du sel, afin qu’ils coopérent à la conservation des salines de grande et de petite taille. D’un autre côté, il est important de donner également une voix aux producteurs artisanaux de beaucoup plus petite taille. Des efforts de mise en réseau devraient être faits pour renforcer leur pouvoir et pour leur permettre de vendre leur production à un prix de marché adéquat, comme moyen de préserver des paysages gérés convenablement et, plus particulièrement, le savoir-faire et les moyens d’existence des saliculteurs eux-mêmes.