Le comportement des entreprises, des nations et des citoyens est fortement influencé par les prix payés pour les biens et les services. Cependant, ces prix ne prennent souvent pas en compte la diminution de la valeur des écosystèmes lorsqu’ils sont dégradés. Cela peut parfois être attribué à la faible compréhension de la valeur réelle des écosystèmes, et de comment intégrer cette valeur dans les processus de prise de décision.
L’économie des écosystèmes et de la biodiversité (The Economics of Ecosystems and Biodiversity – TEEB) est une initiative internationale visant à attirer l’attention sur les bénéfices associés à la biodiversité. Il met l’accent sur l’évaluation de la biodiversité et des services écosystémiques, sur les coûts croissants induits par la perte de biodiversité et par la dégradation des écosystèmes, et sur les bénéfices apportés par les actions mises en place pour répondre à ces pressions.
La valeur des écosystèmes humides peut être particulièrement élevée, ce qui , très souvent, n’est pas pris en compte dans les prises de décision. Le Secrétariat Ramsar, en partenariat avec l’Institut pour les politiques environnementales européennes (Institute for European Environmental Policy – IEEP), l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Wetlands International, la Convention pour la diversité biologique (CBD), le Centre Helmholtz pour la recherche environnementale (UFZ) et le bureau PNUE-TEEB, ont publié le rapport TEEB pour l’eau et les zones humides.
Ce rapport s’intéresse aux interfaces entre l’eau, les zones humides et les services écosystémiques et présente un aperçu des services écosystémiques critiques apportés par l’eau, dans le but d’encourager une montée en puissance politique, l’engagement des acteurs économiques, et des investissements dans la conservation, la restauration et l’usage durable des zones humides. Il présente des recommendations concernant la façon dont les valeurs de l’eau et des zones humides peuvent être rendues prioritaires dans la prise de décision.
Il répond aux questions suivantes, en présentant des éclairages issus de diverses expériences de par le monde :
- Bénéfices et risques de pertes : quels sont les rôles des zones humides dans la fourniture d’eau et de services écosystémiques plus globaux, et quel est leur valeur?
- Mesurer pour gérer : comment pouvons-nous améliorer ce que nous mesurons, pour aider à une meilleure gouvernance de notre capital naturel ?
- Intégrer la valeur de l’eau et des zones humides dans la prise de décision : que faut-il faire pour améliorer la prise en compte des valeurs et des bénéfices de l’eau et des zones humides, dans les politiques de développement et dans les prises de décisions concrètes ?
Le rapport souligne également l’importance fondamentale des zones humides dans le cycle de l’eau, ainsi que pour la prise en compte des objectifs de l’accord Rio +20 liés à l’eau, pour les Accords de développement du millénaire et pour les futurs Objectifs de développement soutenable post-2015.
Le rapport attire l’attention sur des cas concrets du monde entier. Pour la région méditerranéenne, l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes, une initiative MedWet – Tour du Valat pour le suivi et l’évaluation des zones humides méditerranéennes, est mentionné en tant qu’outil pour améliorer le socle de connaissances sur l’eau, les zones humides et leurs services écosystémiques, via la mise à disposition d’informations de qualité sur les zones humides. Le projet GlobWetland II – listé dans les Engagements d’Agadir – est également mentionné à titre d’exemple, comme part du Système d’observation global des zones humides (Global Wetland Observation System – GWOS).
D’autres exemples cités dans le rapport sont les lacs de Prespa, un site Ramsar transfrontalier partagé par l’Albanie, la Grèce et la Macédoine, et le lac d’Ichkeul en Tunisie. Ils sont mentionnés pour leur usage de pratiques traditionnelles et de savoir local en vue de la gestion des zones humides, et pour leur mise en place de pratiques de tourisme soutenable.
Bien que des arguments existent à l’encontre de l’évaluation monétaire des écosystèmes, qui pourrait mener à une “marchandisation de la nature” (McCauley, 2006), MedWet suit la Convention de Ramsar en accordant une grande importance à cette approche. Ignorer la valeur économique des zones humides pourrait réduire la capacité à produire de solides arguments qui peuvent influer sur les prises de décision pour la conservation des écosystèmes importants. C’est pour cette raison que nous pensons que les communautés locales des zones humides doivent se familiariser elles-mêmes avec ce rapport, et l’utiliser au bénéfice des zones humides méditerranéennes et globalement. Les commentaires sur ce rapport, basés sur des expériences de terrain, sont les bienvenus, et peuvent être envoyés au Secrétariat MedWet à l’adresse info@medwet.org
Voir le rapport complet en anglais et le Résumé exécutif en français et en anglais.
Sources : des parties de cet article ont été inspirées du rapport TEEB sur l’eau et les zones humides, ainsi que du communiqué de presse diffusé le 1 Fevrier 2013.
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